vendredi 3 juin 2011

Le cas Gary Tyler

 

Il y a présomption d'innocence et présomption d'innocence attention ce n'est pas pareil.




J'aimais bien écouter et surtout voir Badinter pour deux raisons, une noble, une triviale. La première, parce qu'il a contribué à l'abolition de la peine de mort, la seconde parce qu'il est le portrait physique et intellectuel de mon père y compris dans les postures et la diction. Et là, le voilà qui nous refait le coup certes en plus classe, plus glamour et même plus sexy, (riez) c'est un autre format... de Bernard H, genre "c'est-mon-pote-pas-touche", version judiciaire de "touche pas à mon pote"... déclinant et élevant à la puissance n la "présomption d'innocence", répétant lorsqu'il le faut comme pour occuper l'antenne, ses fins de phrase, une fois ça va mais trois ça devient pénible. Pas un mot, là dessus il faut bien admettre que Péceresse a raison, sur la présumée victime, ce qui, de la part d'un humaniste de sa trempe, sonne vraiment mal, tant il est vrai que ce que l'on ne dit pas est plus important que ce que l'on dit. Transparente, elle n'existe pas : il le faut puisque celui qu'elle incrimine pour viol, très exactement "acte sexuel criminel", ce qui n'est pas la même chose (et plus cher payé de 10 ans tout de même) est présumé innocent, on ne sort pas de là ; elle est donc "présumée menteuse" ou plus exactement "présumée innocente (y a pas de raison que ça ne s'applique pas à elle) de l'accusation de mensonge", on dirait un sujet de théologie ou d'agreg. En réalité, ce sont les mots "époché phénoménologique" (la suspension du jugement) ou agnosticisme qu'il faudrait employer car vraiment, ces tours de passe passe, cette casuistique badinterienne sonne trop hypocrite. Et  si on pousse l'analyse, elle serait bien plus que menteuse car ici le délit devient crime par ses conséquences effroyables sur le présumé coupable. Mais bon, elle est présumée innocente. Une question politiquement incorrecte : à trop vouloir protéger le présumé coupable, ne risque-t-on pas de tacler la présumée victime?
Notons que, si on en juge par les statistiques aux USA, les accusations (précisément pour viol) lorsqu'elles touchent des noirs, des gens du ghetto ou petits délinquants sont dans bien des cas inexactes : 68% d'erreurs judiciaires dont 7 attestées qui avaient conduit le coupable... la victime à la peine de mort. (Etude de l'université de Columbia, jamais démentie.) Vous avez bien lu. Il y a donc présomption et présomption d'innocence. La cause ? Procès bâclés, obligation de résultats (les magistrats sont élus) indifférence vis à vis de ceux qui n'ont pas les moyens de M. Bip, inégalités sociales max (lien), non, l'Amérique n'est pas le pays de rêve de certaines séries qui nous sont vendues à bas prix. Comme le Mexique, il y a deux Amériques et les écarts entre elles sont extrêmes. Les USA sont aussi un pays en voie de développement. Exemple, Gary Tyler (lien), né en 58 et incarcéré en 75 à 17 ans et condamné à mort par un jury exclusivement blanc à une époque de violence raciste exacerbée en Louisiane pour un crime commis au cours de l'attaque d'un bus scolaire dans lequel il se trouvait (une riposte) crime qu'il a toujours nié malgré des interrogatoires très.. virils et sans preuves réelles si ce n'est une jeune fille identiquement interrogée qui depuis s'est rétractée. (Elle aurait cédé à une trop forte pression). Le chauffeur a toujours soutenu que le tir venait de l'extérieur. Il n'en demeure pas moins en prison et aurait été exécuté si la peine capitale n'était pas non constitutionnelle en Louisiane.

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